Paris, début août. Je me mêle à la foule de touristes venus arpenter la Ville Lumière pour réaliser un vieux rêve : redécouvrir le château de Versailles. Visite… et déception. Foi de rédactrice, peut mieux faire.
Organisation, marketing, tout est au top
Les jours précédant ma visite, dûment réservée sur internet, je reçois par mail toutes les informations utiles et nécessaires. Parfait. Le Jour J, je pénètre dans le monument sans problème à l’horaire prévu. Consignes, audioguide, accès aux jardins et au château… tout est bien balisé. J’aborde le parcours très optimiste. Et dès le lendemain, je suis destinataire d’emailings bien marketés afin de prolonger l’expérience de la veille et d’acheter des produits en ligne. Côté logistique et approche commerciale donc, il n’y a pas débat, la mécanique est bien huilée, à la hauteur des 7 à 8 millions de touristes accueillis dans une année normale.
Audioguide sur les oreilles, j’enchaîne. Chambre du Roi, antichambre de la Reine, appartements de Mesdames les sœurs du Roi, petit salon, grand salon… les pièces sont vastes et imposantes. Les étoffes des murs, des rideaux, des fauteuils rivalisent de belles couleurs soutenues. Il y a des tableaux, beaucoup de tableaux, des tables, des horloges, des vases, des tapisseries, des lits à baldaquin. Bien sûr, la Révolution française est passée par là, qui a éparpillé ou détruit la plupart du mobilier. J’imagine le travail infini et patient des conservateurs qui tentent de retrouver telle ou telle pièce d’époque.
L’Histoire sans les histoires
Deux heures plus tard, je sors du palais pour aller dans les jardins, avec un drôle de sentiment. Il manque quelque chose à cette visite, un je-ne-sais-quoi que je n’identifie pas tout de suite. Puis l’évidence me frappe. Le château est un décor magnifique, somptueux, mais qui ne raconte pas la vie à Versailles. Ou qui pourrait en tout cas raconter bien plus. Ce qu’entreprit de faire Sacha Guitry lorsqu’il réalisa le film « Si Versailles m’était conté » dans les années 50 !
La France est connue pour son excellence dans les domaines de la mode, la joaillerie, les arts de la table, la gastronomie, le parfum. Au fil des pièces parcourues, je ne vois rien qui évoque ces savoir-faire. Comment s’habillait Marie-Antoinette ? Que mangeait Louis XIV ? Comment était mis le couvert en 1690 ? Et les fêtes, les bals, les femmes parées de leurs plus beaux bijoux et de lourdes tenues d’apparat… ? Non, il n’y a pas une robe, une perruque, une table dressée, une casserole, une reproduction de collier ou une mise en scène du quotidien de l’époque, que les techniques numériques actuelles pourraient si bien restituer. En fait, je trouve que Versailles est un lieu à l’ancienne, qui n’a pas intégré les évolutions « immersives » pratiquées aujourd’hui. Elles ont pour objectif de proposer des expériences différentes au visiteur afin qu’il vive, ressente, et touche du doigt une autre réalité. Mais peut-être le château de Versailles a-t-il déjà trop d’afflux à gérer, trop de charges d’entretien (qui doivent être colossales, je le reconnais !) et qu’il ne faut pas développer davantage son attractivité ?
La force de la narration
Ce qui sous-tend ma critique est le concept de narration, ou storytelling, le cœur de mon métier de rédactrice. En tourisme comme en communication, et de plus en plus dans le retail, l’idée est d’embarquer le visiteur dans une histoire captivante, ou le lecteur/l’internaute dans un récit convaincant lorsque j’écris un blog, un journal interne ou un site web.
C’est l’essence même de ce que j’aime faire : interviewer des experts, des salariés, des clients, des partenaires, des utilisateurs et à partir de ces témoignages, raconter comment fonctionne une entreprise, ce qu’elle apporte, ses points forts, sa différence, le positionnement singulier qu’elle occupe sur son marché. Eh oui, dans le monde du travail aussi, on en revient toujours à la bonne vieille formule : Il était une fois…
Vous aussi, vous avez de belles histoires professionnelles à raconter sur internet ? Contactez-moi et engageons la discussion !