Oncologues, pharmaciens hospitaliers, orthoprothésistes… à l’écoute de ces professionnels de santé, j’apprends beaucoup. Je n’ai pas fait d’études scientifiques et n’ai aucune spécialité médicale. Alors, comment aborder la rédaction d’un site ou d’une newsletter qui s’adresse à ces praticiens ?
Penser bénéfice utilisateur avant tout
L’informatique bio-médicale est devenue incontournable pour faire fonctionner les hôpitaux, enregistrer les données des patients en toute sécurité, assurer la traçabilité des produits, gérer et rendre des comptes aux autorités de tutelle en charge de la santé publique. Les récentes cyber-attaques contre les SI hospitaliers ont bien montré qu’aucun établissement de santé ne peut fonctionner ni administrer de traitement sans informatique.
Depuis presque 10 ans, je collabore avec Computer Engineering, un éditeur parisien, qui développe des applications à destination des établissements de santé. Il s’agit principalement de logiciels conçus pour les PUI (Pharmacie à Usage Intérieur) et les services d’oncologie. Création de contenus pour leur site et leur blog et chaque mois, rédaction d’une newsletter dédiée aux directeurs de systèmes d’information des hôpitaux. De quoi parle-t-on ? De sérialisation (identification unitaire des médicaments), de l’iatrogénie médicamenteuse (effet indésirable suite à la prise de plusieurs médicaments), de sécurisation des poches de chimiothérapies, de DMI (dispositifs médicaux implantables)… bref, je découvre sans cesse de nouveaux mots et surtout des réalités qui me sont totalement étrangères.
Alors, quelle est ma plus-value pour écrire sur ces sujets ? Je dois poser les bonnes questions à mes interlocuteurs qui, eux, sont spécialistes : pourquoi le pharmacien hospitalier gagne-t-il du temps avec un logiciel pour réaliser sa conciliation médicamenteuse, et pourquoi cela sécurise-t-il le parcours médical du patient ? Grâce à une interface bien conçue, pourquoi le fait d’éviter de nouvelles saisies sur les traitements reçus limite-t-il des erreurs ? Pourquoi l’infirmière qui dispose d’un terminal mobile dans la poche de sa blouse consultera les données de son patient plus facilement ?
L’essence de mon travail est là : écouter les professionnels dans la pratique de leur métier et traduire en messages communicants ce que l’on appelle dans notre jargon le « bénéfice utilisateur ». Comprendre non pas les fonctionnalités ou les performances techniques d’un logiciel, mais ce qu’il apporte concrètement au quotidien.
Les User days, une occasion unique pour recueillir des témoignages
J’ai vécu cette expérience avec Computer Engineering, qui organise des « clubs utilisateurs » régulièrement, en regroupant par région des pharmaciens hospitaliers. Dans la salle, il y a toutes les générations, toutes les tailles d’établissement de santé et de pratiques. De cette mixité jaillit un dialogue hyper enrichissant. À ma grande surprise, j’ai découvert que chaque praticien avait sa propre manière de manipuler le logiciel pour lequel nous étions réunis. Bien sûr, je n’ai pas tout compris, n’étant pas familière des écrans de dosage médicamenteux, mais j’ai vraiment pris du plaisir à suivre les échanges et constater en temps réel les témoignages sur ce fameux « bénéfice utilisateur ». Alors, forcément, j’ai attrapé micro, bloc et stylo pour en interroger quelques-uns. Pour une rédactrice, l’occasion de recueillir des testimoniaux en direct est trop belle ! C’est du contenu éditorial unique, qualifié, humain, dont la portée dépasse largement tous les mots que je pourrais inventer.
L’autre expérience que j’ai adorée fut les User days de Rodin4D. Rodin4D, dont j’ai également rédigé le site web, conçoit des solutions digitales pour les orthoprothésistes. Ces solutions CFAO servent à fabriquer des orthèses et des prothèses à l’aide d’un scanner 3D pour la prise de mesures, d’un logiciel de rectification numérique pour retravailler les formes et d’une machine-outil, type fraiseuse ou robot.
Tous les 2 ans, les User Days Rodin4D attirent plus de 200 orthoprothésistes venus des 4 coins du globe. Dans l’assistance, on entend parler russe, anglais, italien, portugais, arabe… En cabine, des interprètes spécialisés dans le domaine médical s’activent pour traduire en direct les conférences qui s’enchainent. J’avais spontanément proposé de passer la journée avec eux, sentant bien que cela allait me donner de la matière pour rédiger plusieurs articles pour le blog de Rodin4D. Bingo ! J’avoue que l’intervention sur l’emboiture à ischion intégré n’a pas vraiment retenu mon attention… En revanche j’ai passé des moments passionnants à découvrir les reportages sur une ONG qui équipe des enfants amputés en Jordanie, ou cette équipe de CHU qui explique comment la prise d’empreintes par scanner est beaucoup moins traumatisante pour les grands brûlés de la face, à qui on appliquait auparavant un plâtre pour réaliser un moulage.
C’est ce que j’apprécie le plus dans mon métier de rédactrice : m’ouvrir sur des domaines inconnus, faire preuve de curiosité et surtout partir du principe que chaque sujet est intéressant. Même l’emboiture à ischion intégré !